Fukui artisanal : innovations modernes dans les savoir-faire traditionnels
Dans la région d’Echizen, au centre de la préfecture de Fukui, les artisans suivent un principe : ne jamais refuser un travail, aussi difficile qu’il puisse paraître. Ces nouveaux défis favorisent souvent la collaboration intersectorielle, et cette région est idéale pour cela : de nombreux métiers d’art traditionnels — tels que le papier Echizen, la laque Echizen, la céramique Echizen, les commodes Echizen et les lames Echizen — coexistent ici dans un rayon de 10 kilomètres.

Papier Echizen
Le papier Echizen est réputé pour sa qualité supérieure, due en partie à l’environnement naturel local. Les rivières d’Echizen offrent une eau pure, idéale pour nettoyer les fibres végétales, et suffisamment froide pour resserrer les fibres, produisant un papier net et solide.
Cette qualité exceptionnelle a fait du papier Echizen un produit culturellement important. À l’époque de Nara (710–794), il servait à copier des soutras bouddhiques. Avec les siècles, les techniques se sont perfectionnées, et le papier Echizen a trouvé une autre fonction précieuse : la monnaie. En 1661, le domaine de Fukui a émis les premiers billets en papier du Japon, imprimés sur papier Echizen. En 1868, le gouvernement national a choisi ce papier pour ses premiers billets nationaux.
Les artisans d’aujourd’hui perpétuent non seulement cette tradition d’excellence, mais aussi un mode de production unique : le papier est depuis longtemps un artisanat familial à Echizen. La ville compte environ 60 ateliers de fabrication, des petites usines jusqu’aux maisons des artisans eux-mêmes.
Les techniques évoluent : Ryozo Paper utilise des moules métalliques et des douches d’eau pour transférer des motifs fins sur une base de fibres, créant des effets semblables à de la dentelle.
Chez Osada Paper, les artisans transforment le papier en matériau décoratif à part entière, en l’utilisant pour des papiers peints, portes coulissantes ou abat-jour, alliant tradition et design contemporain.
Commodes Echizen
Les artisans d’Echizen fabriquent depuis longtemps des commodes robustes en bois laqué, assemblées à l’aide d’une méthode de menuiserie japonaise sans clou appelée sashimono. Le résultat : des meubles à la fois solides et esthétiques.Le laque et les ferrures ne sont pas que décoratives : le laque protège le bois de l’humidité, et le métal renforce les coins et prévient les déformations.Les ferrures portent souvent une signification symbolique, comme les trous en forme de cœur appelés inome (littéralement « œil de sanglier »), censés porter chance.
Alors que ces meubles sont souvent très élégants et solennels, le studio Furnitureholic insuffle une touche de fantaisie dans ses créations récentes. Ils réinventent les commodes : ferrures colorées, poignées coulissantes, roulettes pour en faire des valises mobiles.Ils collaborent aussi avec d’autres artisans d’Echizen pour des projets inédits : béquilles montées en sashimono et laquées, ou boîtes à papeterie décorées avec du papier Echizen.
Des objets d’art pour le quotidien
Laque Echizen
Environ 80 % de la vaisselle laquée utilisée dans les restaurants et hôtels du Japon provient de cette région de Fukui.La laque Echizen est prisée pour son éclat doux et sa beauté sobre. On la retrouve souvent lors des repas de Nouvel An et autres célébrations familiales.Cette tradition remonte à 1 500 ans, à l’époque où l’empereur Keitai appréciait les objets en bois laqué de Kawada (dans l’actuelle ville de Sabae), et en fit un centre majeur de production.
Les artisans contemporains poursuivent l’innovation.La marque Tsuchinao Japanware applique les techniques de laque à des produits modernes, au-delà de la vaisselle : gourdes et mugs isothermes, ornés de motifs maki-e à la poudre d’or dessinés à la main.Ils collaborent également avec d’autres métiers locaux, par exemple en créant des étuis de couteaux laqués pour les forgerons de la région.
Céramique Echizen
L’argile riche en fer de la région donne à la céramique Echizen sa teinte rougeâtre et son aspect rustique. La présence d’aluminium et de silice la rend résistante, même à très haute température, sans craqueler à la cuisson.L’histoire de la céramique Echizen remonte à 850 ans.Au XIXe siècle, les navires marchands Kitamae-bune vendaient cette poterie tout le long de la côte de la mer du Japon, faisant d’Echizen le plus grand centre céramique du Hokuriku.
Aujourd’hui encore, environ 90 potiers perpétuent les techniques traditionnelles : fours à bois, glaçures naturelles formées par les cendres à haute température, etc.Au Musée préfectoral de la céramique de Fukui, les visiteurs peuvent découvrir l’histoire, les usages et l’esthétique de la céramique Echizen, et parcourir une collection de plus de 1 000 pièces, disponibles à la vente.











